16 octobre 2024 - Danse pour tous / loisir
Le 26 septembre 2024, une table ronde a eu lieu au Ground Control, modérée par Yasmina Benbekai, journaliste culturelle à Radio France. Le thème abordé était : « Existe-t-il une normalité des corps dans la danse ? »
La Fédération Française de Danse, a invité dans le cadre de son projet "CorpsResponDanse", trois intervenant·es à discuter sur l'importance de rendre la danse accessible à tous et toutes, en défiant les stéréotypes et les préjugés qui persistent encore dans notre société.
L’inclusion au cœur de la danse
Damien HEMAIZIA, champion de France et top 5 mondial de boogie woogie, a partagé son expérience personnelle et a souligné l'importance de la flexibilité et de l'ouverture d'esprit dans la danse :
« En boogie woogie et en west coast, la danseuse peut prendre le lead, et c’est génial, ça apporte quelque chose de différent. C’est dommage de rester parfois sur des fixettes, des idéologies ».
En tant que danseur en situation de handicap, Damien souligne l'idée que la danse va au-delà des limitations physiques. Pour lui, l’art de la danse lui permet de communiquer ses émotions, d’établir des connexions profondes avec le public et de vivre pleinement sa passion.
« Du coup j’ai beaucoup compensé dans les jambes, et par rapport à ma personnalité. Et la partenaire qui m’a choisie, c’est pour ma détermination et mon envie, par rapport à ma personnalité, et c’est ça le plus important.
Sonia AL KHADIR, danseuse au sein de la Carolyn Carlson Company, chorégraphe et fondatrice de la compagnie Corpoema, a affirmé :
« J’ai vécu une forme de discrimination liée à mes origines qui était parfois impalpable : c’étaient des regards, c’était une façon de me mettre dans le spectacle. Nous, les danseurs, on dépend du regard du chorégraphe qui nous embauche. Si le chorégraphe décide de ne pas avoir de diversité, on est soumis à ça. Il y a encore du travail : on voit bien qu’il y a des compagnies qui nous prennent parce qu’on a tel corps. […] Car j’ai pu remarquer lors de mes tournées ou de mes échanges en Europe, en Allemagne ou en Angleterre, que ce n’est pas du tout le même regard : la diversité, elle est acquise, c’est quelque chose qui va de soi. »
Son message résonne comme un appel à la diversité, à l’ouverture d’esprit et à l’acceptation des différences. La danse est accessible à tous et toutes, indépendamment des origines ou de la condition physique.
« Pour moi la danse, c’est au-delà du physique : c’est une énergie, c’est ce qu’on dégage, c’est tout ce qui va autour. […] Ce qui a enrichi ma danse, ce n’est pas mon corps, c’est au-delà du physique : c’est vraiment l’esprit, tout ce qui est lié à la spiritualité de la danse, et l’humanité. C’est quand j’ai compris que la danse n’était pas liée au corps, que ma vie professionnelle a énormément évolué. »
Briser les stéréotypes
Dans le monde de la danse, se conformer aux normes peut être une expérience complexe. Comme l'a souligné Julien POLI FLAMENT, champion du monde de danse same sex lors des Gay Games 2018 : « Quand j’ai commencé à danser, je me trouvais trop efféminé. […] Si on veut accéder à un certain niveau, il faut rentrer dans les normes et c’est ça qui est compliqué. » C'est dans cet univers souvent codifié que la danse same-sex a offert une bouffée de liberté : « Je n’ai pas changé ma façon de danser, mais j’ai changé le regard que j’avais sur moi. […] ça m’a complètement libéré. »
Cette ouverture d’esprit, selon lui, gagne du terrain. Les nouvelles générations, plus ouvertes, « cherchent à déconstruire tout ce qui a été normé » et vont peu à peu transformer les rôles de genre en compétition. Pour lui, un changement véritable « va prendre certaines années », mais il avance, « petit à petit ».
Et pour celles et ceux qui hésitent à commencer la danse, un conseil s’impose : « Si tu sais marcher, tu sais danser. »
L'engagement de la FFDanse
Charles FERREIRA, Président de la FFDanse a également pris la parole pour évoquer les initiatives de la fédération en faveur de l'inclusion.
« Nous travaillons activement pour faire évoluer les mentalités et donner une place à tout le monde dans le monde de la danse. »
Il a reconnu la difficulté d'attirer certains publics, en particulier les garçons : « C’est un défi, mais nous devons continuer à travailler ensemble pour briser les préjugés », a-t-il souligné, mettant en avant l’importance d’une sensibilisation collective.
Durant cette table ronde, les intervenants ont unanimement souligné la nécessité de changer les perceptions autour de la danse et de promouvoir une culture d’inclusion. Ensemble, à travers des actions concrètes et une volonté collective, il est possible de transformer la danse en un espace véritablement accueillant, où chacun peut trouver sa place et s’épanouir.
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